Association en entrepreneuriat : quand la pratique vient tuer les théories
Il y a trois ans, j’ai décidé d’ouvrir un restaurant à thème à Paris. Entre la levée de fonds, le recrutement, les travaux, l’association et les petits couacs du quotidien, j’en ai vu de toutes les couleurs pendant trois ans, jusqu’à la revente de mon fonds de commerce suite à une sauvegarde judiciaire. J’en suis ressortie avec quelques kilos en moins, beaucoup d’humilité et de caractère en plus et surtout plein de constats sur l’entrepreneuriat. Ce sont ces derniers que je partage ici avec vous, sans tabou et sans filtre !
On entend souvent que, dans un projet entrepreneurial, l’idée compte pour 1%, l’exécution pour 99% et que la composition de l’équipe de départ fait au moins 50% du job. Ce qui est certain en tous cas, c’est que 100% des mauvaises équipes font couler leurs boîtes.
Quant à savoir ce qui fait à coup sûr une équipe de choc, cela reste à débattre !
Pendant mon expérience entrepreneuriale, j’étais majoritaire au capital de mon entreprise et associée avec un professionnel de la restauration qui avait plus de 20 ans d’expérience dans le métier. Sur le papier et aux yeux de nos investisseurs et banquiers, nous étions l’équipe parfaite : nous nous entendions bien, nous avions déjà travaillé ensemble et nos compétences étaient parfaitement complémentaires (lui ayant un profil de restaurateur expérimenté, moi de profil école de commerce). Pourtant –surprise !- cela s’est mal passé.
J’en ai profité pour repérer quelques critères qui me semblent indispensables pour réussir une association et quelques conseils de préparation de terrain pour éviter d’imploser au premier coup de pression.
1. Les critères nécessaires (mais non suffisants) pour une bonne association
Complémentarité
La complémentarité des compétences entre associés permet que chacun ait son propre domaine de maîtrise et donc que personne ne se marche sur les pieds. Cela sera un inestimable gain de temps : il est extrêmement chronophage de se renvoyer la balle entre associés sans savoir qui est vraiment le responsable final d’une tâche. De plus, cela évitera toute confrontation égotique sur un domaine que vous maîtrisez chacun tout aussi bien.
Exemple classique : Mildred et Jean-Michel ne savent pas très bien qui au juste est l’interlocuteur privilégié des fournisseurs. Jean-Michel passe une demi-heure à discuter au téléphone avec X alors que Mildred a déjà eu une super promo par Y.
Autre exemple : évitez de si mal répartir les tâches qu’un des associés se retrouve au bout de 6 mois à faire 80% du travail tout seul.
Si les associés ont des profils très similaires, et même d’autant plus s’ils le sont, il est essentiel de désigner un responsable par tâche, comme je le détaillerai plus loin.
Entente
La complémentarité des compétences entre associés permet que chacun ait son propre domaine de maîtrise et donc que personne ne se marche sur les pieds. Cela sera un inestimable gain de temps : il est extrêmement chronophage de se renvoyer la balle entre associés sans savoir qui est vraiment le responsable final d’une tâche. De plus, cela évitera toute confrontation égotique sur un domaine que vous maîtrisez chacun tout aussi bien.
Exemple classique : Mildred et Jean-Michel ne savent pas très bien qui au juste est l’interlocuteur privilégié des fournisseurs. Jean-Michel passe une demi-heure à discuter au téléphone avec X alors que Mildred a déjà eu une super promo par Y.
Autre exemple : évitez de si mal répartir les tâches qu’un des associés se retrouve au bout de 6 mois à faire 80% du travail tout seul.
Si les associés ont des profils très similaires, et même d’autant plus s’ils le sont, il est essentiel de désigner un responsable par tâche, comme je le détaillerai plus loin.
Des valeurs et une vision communes
S’il est difficile de savoir dès le début exactement où vous allez, car personne n’a dès le jour 1 son produit final, il est cependant assez aisé de savoir si vous êtes animés par les mêmes valeurs et la même vision globale. Sur le long terme, cela ne sera pas les détails d’exécution mais les valeurs qui vous animent qui vous permettront de faire durer votre association.
Ces valeurs communes regroupent non seulement ce que vous souhaitez créer avec votre entreprise, mais aussi le mode de vie auquel vous aspirez en la montant. Avant tout, assurez-vous que votre associé a un esprit entrepreneurial et non salarié.
2. Comment faire en sorte, en amont, que cela se passe le mieux possible ?
Il est fortement recommandé de préparer en amont une association pour qu’elle se passe le mieux possible ou, au contraire, pour décider à temps qu’elle ne se mettra pas en place.
Je sais déjà que la plupart des personnes qui me lisent ne vont suivre aucun de ces conseils, par flemme ou manque de temps. « Oui mais non, je m’associe avec mon meilleur pote, on a pas besoin de ça »… JUSTEMENT, vous en avez encore plus besoin que tout le monde ! Combien d’histoires d’horreur n’ai-je pas entendues sur des trahisons entre associés aux pires moments de la vie d’une entreprise ! C’est en réfléchissant en amont et en produisant très concrètement les lignes de conduite à suivre que vous vous éviterez la catastrophe.
Se répartir les tâches
Comme évoqué ci-dessus, il est essentiel d’assigner à chacun les tâches dont il sera le responsable final.
Parlez-en, non seulement, mais écrivez-le : construisez un tableau avec tous les domaines de compétence que vous mettrez en œuvre et, pour chacun, désignez un responsable. Cela sera d’autant plus important quand certains domaines sont plébiscités par les deux associés. Exemple : désignez un responsable final « communication », « fournisseurs », « relation clients »….
Une répartition réfléchie du capital
La répartition du capital est une question essentielle qu’il faut se poser au plus tôt du projet entrepreneurial. En ce qui me concerne, je ne crois pas à la répartition 50/50 : j’ai vu trop d’exemples autour de moi de divergences entre associés. Or il est beaucoup plus évident d’organiser une séparation quand les parts ne sont pas égales.
Encore une fois, n’oublions pas que les échecs d’entreprises sont à part égale avec les succès : selon l’INSEE, le taux d’échec des nouvelles entreprises est de 49,5% dans les 5 premières années, cette évaluation montant à 80% pour les startups.
Et surtout, un bon pacte d'associés !
On n’insistera JAMAIS assez sur l’importance d’un pacte d’associés complet et valide. Il est essentiel d’y envisager tous les PIRES scenarii, même et surtout si vous vous associez avec votre meilleur pote. Si votre affaire part en cacahuète, cela sera au contrat de décider et pas à vous ; sous-entendu, pas à vos engueulades interminables.
Je ne peux assez insister sur l’importance de vous faire aider juridiquement, ne serait-ce au moins pour relire votre pacte, par un bon avocat. C’est le genre de moyen sur lequel on ne peut pas se permettre de lésiner quand on monte une entreprise.
3. En pratique, vous ne saurez jamais… jusqu'à la vivre !
Je suis navrée de vous l’annoncer mais, malgré tous ces conseils, il est impossible de savoir si une association est bonne… avant de la vivre. Avant d’être confrontés à des responsabilités et des difficultés ensemble, vous ne pourrez jamais savoir non seulement qui est réellement votre associé, mais surtout qui vous êtes réellement vous-même.
La solution est dans l’expérimentation : confrontez-vous ensemble à la réalité de l’opérationnel ou à des situations de stress le plus rapidement possible. Et surtout, tant que rien n’est signé, n’hésitez pas à reculer si vous ne le sentez pas. Vous blesserez peut-être une personne, mais vous vous épargnerez une expérience entrepreneuriale pour le moins douloureuse.
Tout cela étant dit, si vous le sentez au fond de vous, gardez une certaine naïveté dans votre enthousiasme et lancez-vous !
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