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Si on entend souvent parler d’anciens salariés qui deviennent freelance, on en sait généralement moins sur ceux qui ont suivi le chemin inverse. Dans cet article, construit autour de témoignages d’anciens freelance, nous nous interrogeons sur les voies de reconversion suite à une expérience en freelance et les leçons à tirer de cette période de vie.
[Les noms des témoins ont été en changés, NDLR]
Quelles sont les portes de sortie pour un freelance ?
1. Être recruté par un client
Pour une entreprise, le fait de travailler régulièrement avec un freelance instaure une relation de confiance qui peut mener à une proposition d’embauche. La décision de l’indépendant se fait alors au coup de cœur.
Julia, ancienne rédactrice indépendante, a rejoint il y a un an et demi l’entreprise YouLoveWords pour laquelle elle travaillait régulièrement. C’est pour son excellent contact avec les équipes que le poste de Content Marketer lui a été proposé. Aujourd’hui, elle a évolué vers le poste de Talent Manager et gère le pool de freelances qui travaillent pour l’agence.
« Je travaillais avec eux en tant que free, j’étais en contact avec l’équipe quotidiennement et cela se passait très bien. L’offre de les rejoindre en CDI a été une suite naturelle à mes missions. »
Alice était UX designer indépendante et a été recrutée il y a un mois par un de ses clients. Elle était ravie de sa situation mais, suite à une mission qui s’est bien passée, l’entreprise lui a offert un poste qui lui permettrait d’être décisionnaire sur le long terme et de construire un produit aligné avec ses valeurs, avec des ressources et du temps.
« Si l’offre n’avait pas été en or, je ne l’aurais pas fait : peu de choses auraient pu me faire revenir au temps plein. »
2. Chercher un job en revendant les skills acquis
Si le freelancing ne convient pas à tout le monde, il s’agit cependant d’une expérience riche à mettre en avant dans une recherche de CDI. Douglas, formateur indépendant pendant 3 ans et demi, a su valoriser cette expérience au moment de chercher un travail : il a décroché un poste fixe en Customer Success. De même, Antoine a été développeur indépendant pendant 1 an. Il a décroché un poste dont il avait vu par hasard l’offre, qui correspondait parfaitement à ses envies.
Aux yeux d’un employeur, le fait d’être passé par une période de freelance est séduisant : c’est une preuve d’autonomie, de prise d’initiative, d’expertise dans son domaine de compétence et de capacité d’adaptation.
3. Monter son entreprise
Etre indépendant, c’est déjà gérer une entreprise à sa propre dimension ; certains continuent dans cette voie en montant leur structure. C’est le cas de Céline qui, après avoir été journaliste d’entreprise pendant 4 ans, a monté son agence de communication digitale.
« Le freelancing, c’était un galop d’essai avant de créer mon entreprise. »
De même, Adrien est passé peu à peu de freelance à chef de projets, pour aujourd’hui monter son agence, spécialisée dans la stratégie produit, le UX/UI et le « Growth Hacking ».
Que gardent-ils de leur expérience de freelance ?
Nos anciens indépendants ont maintenant le recul nécessaire pour analyser les avantages et inconvénients du freelancing.
a) Ce qu’ils ont aimé
La flexibilité de l’emploi du temps est le premier avantage mentionné, et par tous. Cela a permis à Céline de continuer à travailler de chez elle quand elle est devenue mère.
« Le freelancing m’a donné une grande liberté et permis de conjuguer mes vies privée et personnelle. »
L’indépendance et le pouvoir décisionnaire sur ses missions viennent en deuxième position, comme l’évoque Antoine.
« En freelance, tu es hyper indépendant, tu as un grand contrôle sur ce sur quoi tu bosses, avec qui et comment. C’est très chouette. »
La variété des missions sur lesquelles on travaille permet d’explorer énormément de choses différentes. Cela peut s’avérer très utile pour trouver sa voie à long terme. Comme le dit Julia :
« J’étais satisfaite de pouvoir travailler avec une multitude de clients, dans différentes configurations, sur des secteurs et des formats très variés. »
b) Ce qu’ils ont moins aimé
Parmi les premiers inconvénients du freelancing, l’aspect financier peut être pesant. Douglas a en effet arrêté non pas par manque d’intérêt pour son travail, mais parce que malgré un TJM à 550€, il continuait à travailler en restauration le week-end pour joindre les deux bouts. Céline, quant à elle, déplore l’irrégularité des revenus des freelances, qui implique une gestion serrée de sa « trésorerie » personnelle.
Le démarchage peut aussi peser et empêcher à certaines périodes de se concentrer sur son cœur de métier.
Antoine, passionné de développement, évoque cet « overhead » comme un souvenir pénible, avec la facturation et « tous les petits pièges qui vont avec ». Seul, il avait peur de dire non à certaines missions qui ne l’intéressaient pas, de peur de ne pas avoir de travail pendant plusieurs mois. Il estime avoir appris beaucoup à ce sujet, mais a voulu revenir à sa passion principale : coder.
Enfin, Alice évoque la pénibilité d’enchaîner des projets sur lesquels elle n’avait pas de prise à long terme et sur lesquels elle n’était pas décisionnaire : en fin de compte, c’est toujours le client qui tranche.
Comment vivent-ils leur reconversion post-freelance ?
La (re)découverte de la vie de salarié ou de chef d’entreprise comporte elle aussi son lot d’avantages et de contreparties.
a) Avantages
Se remettre à travailler en équipe est un avantage certain pour des freelances qui se sentent souvent seuls dans leur travail. Pour Julia comme Céline, le fait de travailler chaque jour avec des collaborateurs qu’elles apprécient est précieux. Alice évoque aussi le cadre de travail qui lui permet de couper nettement entre sa vie professionnelle et personnelle.
Enfin, un poste fixe peut permettre de mieux se former et progresser dans son domaine d’expertise, comme l’évoque Julia :
« Aujourd’hui, j’ai l’occasion d’approfondir des éléments et compétences que je n’avais pas pu aborder seule. »
b) Inconvénients
Le premier inconvénient retrouvé est celui de la contrainte horaire et de la peur de la routine. De manière générale, le fait de devoir obéir sur le long terme à des règles établies par une autre personne déplaît aux anciens indépendants devenus salariés, qui ont pris l’habitude de se créer leurs propres exigences. Comme le dit Antoine :
« Dans une entreprise, il faut « comply » avec les règles de la boîte, s’entendre avec sa hiérarchie, respecter des process… »
Le fait qu’un indépendant n’a pas le pouvoir décisionnaire final sur son projet se retrouve aussi dans le salariat, évoque Douglas :
« Tu ne fais pas tes propres projets quand tu es salarié : le boulot qui me conviendra sera celui que je créerai moi-même. »
Que feront-ils demain ?
Tous globalement satisfaits de leur nouvelle situation, les anciens indépendants interrogés sont cependant loin de mettre à l’écart un retour futur vers le freelancing.
Certains maintiennent une petite activité de micro-entrepreneur en parallèle de leur travail actuel, pour des projets-passion ou pour arrondir les fins de mois.
A lire : Le cas de la pluriactivité
Les frontières entre le salariat, l’entrepreneuriat et le freelancing sont finalement assez floues : que ceux qui ont peur de se lancer n’aient crainte !
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